Et c'est qui, qui s'est débrouillée pour faire du bruit ? Ben c'est Yria.
Voilà plusieurs heures que la jeune fille était levée. Elle s'était tirée de ses couvertures bien avant que le soleil ne se lève, réveillée par un mauvais rêve où se mêlaient des bribes de ses vilains souvenirs d'enfance. Comme à chaque fois, la jeune femme s'était réveillée en sursaut, se redressant à la vitesse de la lumière, dans son lit, dans la chambre où elle séjournait. Ses vêtements collaient à sa peau. Et comme à chaque fois où elle se réveillait ainsi, il lui était impossible de se rendormir, elle avait donc choisi de se lever et de s'habiller. Alors qu'elle allait quitter la chambre, ses yeux avaient balayé une dernière fois la sombre pièce. Yria avait alors remarqué que le lit de Kimitsu était vide. Fronçant les sourcils, la jeune femme avait fouillé autour du lit, dans l'armoire et la table de chevet. Plus rien, vide. Yria s'était relevé, le coeur serré. Son amie Kimitsu était partie.
Pourquoi ? Comment ? Quand ? Elle ne le savait pas. Et même sous la torture, elle n'aurait pas avoué qu'au plus profond d'elle même, la jeune femme lui manquait, même si elle la connaissait à peine. Yria s'était résignée à réveiller Ayumi, son autre colocataire, afin de lui apprendre la nouvelle. Silencieusement, l'adolescente avait quitté la chambre. La tête basse, comme toujours, elle avait descendu les escaliers. Comme chaque matin, à cette heure-ci, le hall était désert. Le cauchemard de Yria lui avait coupé l'appétit, et elle n'avait aucune envie de sortir dehors. La jeune femme avait regardé autour d'elle, en quête d'une idée. Voyons, la salle de bal, le bureau du dirlo, l'escalier, le salon et...ah tiens...Yria remarqua une grande porte entrouverte, qu'elle n'avait jamais passé. Oh biensûr, il y avait plein de portes qu'elle n'avait jamais passé. Mais celle-ci attirait son attention, plus que toutes les autres. Alors la jeune femme s'était approchée de la porte et l'avait poussée avant d'entrer dans la pièce.
Et voilà comment elle s'était retrouvée dans la bibliothèque. Yria adorait la lecture presque autant que l'écriture. Et puis, à cette heure, personne ne traînait dans cet endroit. Même la bibliothécaire n'était pas encore là. Il faisait sombre, les grandes étagères bourrées de livres projetaient leurs menaçantes ombres sur le sol. Mais peut importait à Yria. Se glissant entre les rangées étroites, elle avait prit un livre au hasard et s'était juchée sur une étagère, assise tranquille à côté de la fenêtre qui offrait une très belle vue sur le décor du paysage, au dehors, devant le pensionnat. La jeune femme avait alors posé le livre sur ses genoux, prenant une page au pif, et avait commencé à lire. Les lignes composées de mots compliqués traçaient une histoire glauque et sanglante. Dans la tête de Yria se dessinna la scène décrite dans le livre, celle d'un homme se faisant exploser face à un extraterrestre particulièrement répugnant.
Puis quelqu'un entra dans la bibliothèque et s'assit en dessous d'elle, sur un siège. La jeune femme l'entendit mais ne lui porta pas un seul regard. Le sourcils froncés, elle continuait la lecture du livre qu'elle trouva passionnante. Un quart d'heure passa, une demie heure. Yria termina sa lecture en silence. Puis elle releva la tête et referma le livre DreamCatcher. Elle décroisa ses jambes qu'elle étendit devant elle avant de sauter de l'étagère. Manque de chance, sa chute ne fut pas silencieuse. Elle atterrit sur ses pieds, mais son poids fit craquer le parquet. Elle ne remarqua qu'a ce moment que la personne qui lisait se trouvait toujours dans la pièce. Le jour n'allait pas tarder à se lever. Yria voyait le paysage s'éclaircir. Elle replaça le livre de Stephen King sur l'étagère et se tourna vers la personne qui semblait tout juste avoir remarqué sa présence.
C'était un jeune homme que Yria ne connaissait pas. La gothique fit cliqueter ses bijoux en argents aux aspects tranchants avant de passer devant le jeune homme.
-Hum...désolée du bruit...
Elle lui adressa un sourire forcé et alla se lover dans un fauteuil, en face de l'inconnu.
-Je croyais être la seule élève matinale dans ce pensionnat, apparament, je me suis trompée.